Pratiquer un urbanisme de l'amont

Créer de la valeur à partir des conditions d'habitabilité 

Les défis écologiques et climatiques imposent de redéfinir la création de valeur dans la fabrique urbaine. Dans le modèle actuel, la valeur est générée par un processus linéaire de production, reposant sur l'exploitation des ressources naturelles, considérés comme de la matière première à très faible valeur ajoutée. 

A l'ère de la sobriété, la valeur urbaine est à redéfinir autour de 3 enjeux clés : 

  • La soutenabilité du développement local qui doit être conditionné à la capacité des ressources (naturelles, patrimoniales et sociales.) à se régénérer. Le développement local doit combiner et manager les ressources disponibles tout en auditant le besoin. 
  • L'habitabilité des villes, qui sont devenues vulnérables face aux effets du changement climatique et écologique. L'enjeu est de garantir les conditions de vie à moyen terme et d'intégrer les risques dans la planification urbaine. 
  • La fluidité du métabolisme urbain, qui constitue un critère de bonne santé et de qualité de vie pour les habitants. L'enjeu est de garantir les continuités écologiques, la circulation des réseaux urbains, les interactions sociales au coeur de la ville et du territoire. 

 

Renverser la chaine de valeur vers l'amont

Sobriété, cicularité, cycle de vie 

Considérer les ressources urbaines comme le capital le plus précieux 

Il s'agit de porter un nouveau regard sur toutes les ressources locales, naturelles, patrimoniales, sociales. Elles consituent un levier incontournable dans la stratégie de résilience urbaine et territoriale. C'est à partir de cette ressource que la valeur doit être composée. 

Evaluer le besoin local 

Il s'agit d'objectiver le besoin trop souvent présenté comme une évidence et fréquemment assimilé à la demande, issue du marché. Mieux appréhender le besoin, comprendre les modes de vie. L'urbanisme de l'amont tente d'articuler la disponibilité des ressources et la satisfaction du besoin. C'est un enjeu prioritaire de démocratie locale.

Redonner sa place à l'arbitrage dans la gouvernance locale

La crise écologique nous fait prendre conscience des limites planétaires. Le besoin est désormais conditionné par cette limite. La conséquence inévitable est l'arbitrage entre les usages.  Il est essentiel de poser les modalités d'un dialogue continu et itératif entre tous les acteurs de la fabrique urbaine qui permet d'organiser le débat, la conflictualité, la négociation et enfin l'arbitrage. Le rôle de l'élu local en tant médiateur devient essentiel. 

Etablir des Trajectoires de Transformation 

Le projet de vie locale est façonné par un processus de transformation continu des ressources territoriales. L'enjeu est de ne plus soumettre un territoire à une demande insatiable qui met le milieu urbain en tension mais de garantir la santé de l'écosystème dans son ensemble en maintenant les conditions d'habitabilité pour le vivant. 

Inspirations 

L'approche qui consiste à développer un Urbanisme de l'Amont s'inspire de très nombreux apports théoriques. En voici quelques exemples. 

La reliance, une approche de l'aménagement 

Pour Martin Vanier, l'idée de fracture est une impasse inopérante. Il affirme que "ce qui nous transforme, c'est ce qui nous relie autrement", c'est à dire les personnes, les collectifs, les territoires, les lieux, les temps de vie, les fonctions. Dans une démonstration brillante, il invite à renouveler le sens de l'aménagement du territoire par une politique spatiale de la reliance, définit par Marcel Bolle de Bal comme "un processus à la fois dialogique, activant et pluriel qui produit et recompose les liens de la société". 

le Sol, un projet politique 

Bernardo Secchi place l'épaisseur des sols et leurs héritages comme objet de lecture des modifications territoriales. Le sol imprime sa marque sur les pratiques urbaines des espaces et à la manière d'une matrice unique, il articule plusieurs échelles qui associent ville et territoire, espaces naturels et espaces urbains dans un destin commun. L'articulation cohérente de ces espaces est un enjeu fort pour les pratiques sociales en constante redéfinition.  Invisibiliser les sols, c'est invisibiliser le projet politique qui sous-tend les rapports sociaux et territoriaux. 

La ressource patrimoiniale, un projet local

Chaque lieu possède ses limites physiques, ses ressources naturelles et patrimoniales, qui lui confèrent sa spécificité, sa territorialité. Alberto Magnaghi définit le territoire comme "un sujet produit par l'intéraction, dans la longue durée, de l'établissement humain et d'un milieu, transformé par les sociétés et les cultures qui s'y succèdent". La soutenabilité du développement local n'est possible que dans une attention portée au "statut du lieu" et la compréhension de l'écosystème territorial et la manière d'habiter les villes. 

Sol-urbain, un schéma directeur 

Les sols urbains ont été rendus invisibles. Pourtant, ils laissent des traces dans le paysage urbain et l'on continue de s'appuyer sur les nombreux tracés présents dans les documents d'urbanisme. Absents dans la "conscience urbaine", ils participent pourtant activement au fonctionnement du métabolisme urbain : la gestion des villes est aussi une gestion des sols. Patrick Henry propose de se saisir du sol urbain comme d'une opportunité pour repenser le projet. Il développe une approche méthodologique et opérationnelle pour la mise en oeuvre d'un urbanisme des sols. 

Démocratiser l'action publique

La démocratie participative s'est imposée comme l'un des remèdes à l'érosion lente de la démocratie représentative, un processus mis en lumière par une progression constante des extrêmes depuis une vingtaine d'année. Force est de constater que les outils de la démocratie participative, incapables de renverser les rapports de pouvoir,  n'ont pas tenus leur promesse du grand soir démocratique. Pour les auteurs, l'urgence n'est donc plus de faire participer mais plutôt de démocratiser l'action publique en mettant fin à la surdité des insitutions.  

Bio-région, se relier au vivant

Réparer les liens et les lieux fortement malmenés par le processus de métropolisation, ce livre explore la vision biorégionale, élaborée il y a un demi-siècle dans le creuset de la contre culture californienne et se fonde sur la nécessité de rentrer dans un rapport de résonance avec la terre. Réhabiter la terre, c'est se penser comme un hôte cohabitant et non comme propriétaire, dans des sociétés écologiques ouvertes. Dans un exercice prospectif de l'Ile-de-France en 2050, Agnès Sinaï propose un nouvel imaginaire de la métropole et une remobilisation politique. 

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